• CHAPITRE TROIS


    CHAPITRE 3

    L'odeur des crêpes se propageait un peu partout dans la maison. C'était délicieusement agréable et camouflait, quelque peu, celle des peintures.

    Les artisans avaient vraiment fait du bon et joli travail. Toutes les pièces étaient comme je l'avais souhaité : tapissées de couleurs vives et chaudes comme les jaunes et orangés. Je trouvais que ces couleurs donnaient à la maison un côté accueillant et très agréable à vivre, en été comme en hiver.

    J'avais laissé, accrochés sur les murs du salon, les tableaux d'origine.
    Je les trouvais beaux et ils étaient indissociables de la maison. Selon l'agence immobilière, personne n'était jamais parvenu à les en sortir.

    Je me dirigeai donc vers notre salon afin d'en changer leur disposition et de les regarder d'un peu plus près. Je n'avais pas vraiment pris le temps de les admirer car tout était allé très vite depuis que nous étions arrivés ici.
    Voyons un peu...

    Le plus grand tableau était accroché sur la hotte de la cheminée.
    Il représentait notre maison, sans doute peinte au siècle dernier, à en juger par la taille des arbres, si petits sur la toile.
    Selon moi, et vu de près, le peintre n'avait pas vraiment l'air doué. Les traits n'étaient pas droits, les arbres ne ressemblaient pas vraiment à des arbres, mais l'ensemble avait tout de même son petit effet et ce, malgré l'empressement de l'artiste. Car, bien que naïve en tableaux, beaux arts et tout se qui se rapprochait de la peinture, il était aisé de déceler le tremblement de sa main au moment il peignait, ou bien alors, de déceler la contrainte ou la précipitation de terminer son œuvre rapidement.

    Je m'approchai plus près encore du tableau.
    Mon œil avait été attiré par quelque chose de mouvant à la fenêtre du grenier. A ma grande surprise, je pouvais nettement distinguer une silhouette. Celle d'une jeune et jolie fille blonde. Elle bougeait à l'intérieur du tableau, à l'intérieur de la maison peinte sur la toile... Elle semblait demander de l'aide. Elle semblait inquiète, désespérée,  triste. Son doigt pointait, en direction du jardin, quelque chose que je ne voyais pas.
    Je dirigeai mon regard en bas à droite du tableau afin d'en connaître le nom du peintre. La signature était propre, claire : "Elène de Fraise, le dix-neuf juin mille huit cent soixante-treize."

    Cette œuvre était bien un original peint cent trente ans plus tôt par la Duchesse elle-même. Cette histoire commençait à devenir de plus en plus intéressante. Je me devais d'en apprendre un peu plus sur cette fille qui, jusqu'à présent, m'était totalement inconnue.

    Un courant d'air fit soudain claquer la porte du salon et fit se décrocher un tableau. Je sursautai et me retournai d'un bond. Il n'y avait rien...

    - Un petit coup de vent, rien de plus. Me dis-je à haute voix.

    Je ramassai le tableau et l'observai. Sa peinture me fit bondir...

    - Ça alors ! On dirait Allister trait pour trait ! Exactement la même bouille !

    Le portrait d'un nounours ressemblant à s'y méprendre à Allister était peint sur fond noir. Ses petits yeux étaient remplis de larmes, ils avaient la même expression que ceux d'Elène, triste, effrayée...
    Je m'empressai de regarder la signature.
    Il y avait bien une signature en bas du tableau, mais ce n'était pas celle de la Duchesse. Elle était quelque peu effacée, comme grattée. Je déchiffrai tout de même, sans aucune difficulté, un "De" puis la date : encore le dix-neuf juin mais, fait marquant, mille huit cent soixante-douze, très lisible quant à elle. Le tableau avait été peint le même jour, mais un an avant celui représentant la maison.

    Cette fois je crus défaillir...

    Je n'avais pas réalisé qu'il s'agissait de ma date de naissance, cent ans trente ans plus tôt. J'étais née moi aussi un dix neuf juin...

    - Ça alors ! En voilà une chose étrange. Serait-ce un signe ? Un signe de quoi ? Tu te fais des idées Vanille, tu en deviens paranoïaque. Il s'agit d'une grosse coïncidence tout simplement...

    Voilà que je parlais toute seule à présent !

    La porte du salon s'ouvrit dans un grincement long et sourd...

    Prenant mon courage à deux mains, je reculai à pas de velours vers la cheminée sans détacher mon attention de la porte puis, d'une main ferme, m'emparai du tisonnier...

    En voyant mon ours Allister dans l'encoignure de la porte, je baissai ma garde. Il était d'une tristesse à vous fendre le cœur. Je ne l'avais jamais vu aussi triste de toute ma vie. D'ailleurs, je ne l'avais jamais vu triste du tout !
    Il me dit alors, un sanglot dans la voix :

    - Le nounours du tableau que tu tenais dans la main... c'était ma maman...




  • Commentaires

    1
    Jeudi 17 Juillet 2008 à 19:40
    Coucou par ici
    j'ai lu les 3 chapitres, j'ai une petite nièce qui aime quand je lui raconte des histoire, je lui conterai celle là, elle vas beaucoup aimer...
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