• Fin juin...

    Je suis dans le salon, vautrée dans le canapé à trifouiller mes cheveux à la recherche de fourches indésirables (Je ne suis pas allée chez le coiffeur depuis décembre 2007, dans la mesure où je veux récupérer les longs cheveux que j'ai coupés pour être à la mode... pas glop! D'autant que la coupe était ratée!)
    Mes filles sont allongées à plat ventre sur le parquet et, en direct view, je les regarde (cachée derrière ma longue frange) s'envoyer des ponpons qui nous servaient à confectionner un collage de coccinelles en carton...

    Je souris discrètement en silence car je ne veux pas les déranger dans leur jeu qui, somme toute, a l'air passionnant...

    Soudain, je me lève, me rue sur le téléphone, fais défiler l'annuaire à la recherche du spécialiste qui pourra venir à bout de ces cheveux trop mal entretenus.

    Elles, aucune manifestation.

    Je veux un rendez-vous!

    THE boss (celui que je veux, que je réclamme, que je suis prête à attendre 107 ans s'il le faut...) est en vacances!

    Tant pis, donnez-moi un rendez-vous quand même, quand il sera de retour!

    "Le mercredi 9 juillet." me répond l'assistante (où coiffeuse en second, comme vous voudrez!)

    " Le 9 juillet... hum, ça fait loin... Attendez Madame, je vais prendre mon agenda et noter le rendez-vous car je n'ai pas de tête!" Dis-je à la dame en prenant le programme télé que j'avais sous la main afin de noter l'heure de ce fameux rendez-vous...

    Tout à coup, deux têtes blondes se tournent vers moi, manifestement interloquées par ma remarque.
    Roxane me regarde, me scrute et sur un ton tout ce qu'il y a de plus formel me dit :

    "Mais si maman, tu as une tête!"

    J'étais morte de rire (l'expression est faible!) j'ai raccroché subitement et ai rappelé pour confirmer que je viendrai bien le 9 juillet à 10.00!

    Ben oui, j'ai bien une tête même si celle-ci a tendance à retenir que ce qui l'intéresse !





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  • CHAPITRE 3

    L'odeur des crêpes se propageait un peu partout dans la maison. C'était délicieusement agréable et camouflait, quelque peu, celle des peintures.

    Les artisans avaient vraiment fait du bon et joli travail. Toutes les pièces étaient comme je l'avais souhaité : tapissées de couleurs vives et chaudes comme les jaunes et orangés. Je trouvais que ces couleurs donnaient à la maison un côté accueillant et très agréable à vivre, en été comme en hiver.

    J'avais laissé, accrochés sur les murs du salon, les tableaux d'origine.
    Je les trouvais beaux et ils étaient indissociables de la maison. Selon l'agence immobilière, personne n'était jamais parvenu à les en sortir.

    Je me dirigeai donc vers notre salon afin d'en changer leur disposition et de les regarder d'un peu plus près. Je n'avais pas vraiment pris le temps de les admirer car tout était allé très vite depuis que nous étions arrivés ici.
    Voyons un peu...

    Le plus grand tableau était accroché sur la hotte de la cheminée.
    Il représentait notre maison, sans doute peinte au siècle dernier, à en juger par la taille des arbres, si petits sur la toile.
    Selon moi, et vu de près, le peintre n'avait pas vraiment l'air doué. Les traits n'étaient pas droits, les arbres ne ressemblaient pas vraiment à des arbres, mais l'ensemble avait tout de même son petit effet et ce, malgré l'empressement de l'artiste. Car, bien que naïve en tableaux, beaux arts et tout se qui se rapprochait de la peinture, il était aisé de déceler le tremblement de sa main au moment il peignait, ou bien alors, de déceler la contrainte ou la précipitation de terminer son œuvre rapidement.

    Je m'approchai plus près encore du tableau.
    Mon œil avait été attiré par quelque chose de mouvant à la fenêtre du grenier. A ma grande surprise, je pouvais nettement distinguer une silhouette. Celle d'une jeune et jolie fille blonde. Elle bougeait à l'intérieur du tableau, à l'intérieur de la maison peinte sur la toile... Elle semblait demander de l'aide. Elle semblait inquiète, désespérée,  triste. Son doigt pointait, en direction du jardin, quelque chose que je ne voyais pas.
    Je dirigeai mon regard en bas à droite du tableau afin d'en connaître le nom du peintre. La signature était propre, claire : "Elène de Fraise, le dix-neuf juin mille huit cent soixante-treize."

    Cette œuvre était bien un original peint cent trente ans plus tôt par la Duchesse elle-même. Cette histoire commençait à devenir de plus en plus intéressante. Je me devais d'en apprendre un peu plus sur cette fille qui, jusqu'à présent, m'était totalement inconnue.

    Un courant d'air fit soudain claquer la porte du salon et fit se décrocher un tableau. Je sursautai et me retournai d'un bond. Il n'y avait rien...

    - Un petit coup de vent, rien de plus. Me dis-je à haute voix.

    Je ramassai le tableau et l'observai. Sa peinture me fit bondir...

    - Ça alors ! On dirait Allister trait pour trait ! Exactement la même bouille !

    Le portrait d'un nounours ressemblant à s'y méprendre à Allister était peint sur fond noir. Ses petits yeux étaient remplis de larmes, ils avaient la même expression que ceux d'Elène, triste, effrayée...
    Je m'empressai de regarder la signature.
    Il y avait bien une signature en bas du tableau, mais ce n'était pas celle de la Duchesse. Elle était quelque peu effacée, comme grattée. Je déchiffrai tout de même, sans aucune difficulté, un "De" puis la date : encore le dix-neuf juin mais, fait marquant, mille huit cent soixante-douze, très lisible quant à elle. Le tableau avait été peint le même jour, mais un an avant celui représentant la maison.

    Cette fois je crus défaillir...

    Je n'avais pas réalisé qu'il s'agissait de ma date de naissance, cent ans trente ans plus tôt. J'étais née moi aussi un dix neuf juin...

    - Ça alors ! En voilà une chose étrange. Serait-ce un signe ? Un signe de quoi ? Tu te fais des idées Vanille, tu en deviens paranoïaque. Il s'agit d'une grosse coïncidence tout simplement...

    Voilà que je parlais toute seule à présent !

    La porte du salon s'ouvrit dans un grincement long et sourd...

    Prenant mon courage à deux mains, je reculai à pas de velours vers la cheminée sans détacher mon attention de la porte puis, d'une main ferme, m'emparai du tisonnier...

    En voyant mon ours Allister dans l'encoignure de la porte, je baissai ma garde. Il était d'une tristesse à vous fendre le cœur. Je ne l'avais jamais vu aussi triste de toute ma vie. D'ailleurs, je ne l'avais jamais vu triste du tout !
    Il me dit alors, un sanglot dans la voix :

    - Le nounours du tableau que tu tenais dans la main... c'était ma maman...




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  • Rien que pour vous et comme promis, le deuxième chapitre des aventures d'Allister et Vanille.



    CHAPITRE 2



    Je me mis à courir à vive allure en direction de la maison, bousculant, au passage, un des déménageurs puis, quatre à quatre montai les marches du grand escalier de pierres blanches qui rendait au premier étage.
    Je stoppai net, haletante, essayant de récupérer le souffle que je venais de perdre.

    - Cet homme n'existe pas Vanille. Il ne peut pas s'en prendre à Allister puisqu'il n'existe pas !

    J'essayai par ces quelques phrases de me raisonner toute seule. En fait, j'étais perdue sans trop savoir où j'en étais exactement. J'avais comme l'impression de devenir folle. Si cet homme n'existait pas, pourquoi l'avais-je vu et entendu ? J'étais sûre de ne pas l'avoir inventé, j'étais sûre qu'il n'était pas le fruit de mon imagination.
    Il ne me restait qu'à entendre des voix pour me faire appeler Jeanne d'Arc et m'interner, car personne ne croirait une histoire aussi farfelue que celle-ci.

    - Bienvenue dans votre nouvelle demeure.

    Je tressaillis, jetant un regard inquiet autour de moi.
    Quelqu'un venait de parler. Une femme ou une jeune fille... Or, à ma connaissance, parmi toutes les personnes ici présentes, j'étais la seule fille à circuler dans cette maison...
    La voix était lointaine, certes, mais ne semblait pourtant pas menaçante pour autant que j'en avais saisi l'intonation. Comme si, au contraire, elle était comme... heureuse de m'accueillir. Il fallait bien me tranquilliser d'une manière ou d'une autre... Le précédent événement avait tout de même faillit me faire mourir d'une crise cardiaque !
    Que se passait-il à la fin dans cette maison ? Que se passait-il exactement ? Etait-elle vraiment hantée par l'esprit d'une Duchesse, comme me l'avait annoncé l'homme du jardin ? Cette voix était réelle, audible. On avait bien parlé, j'en étais sûre. On m'avait bien souhaité la bienvenue...
    "On"...  mais qui était "on" ?
    Prenant sur moi, je demandai, tout simplement :

    - Qui est là ? Qui a parlé ?
    - C'est Elène, je suis là, dans le salon.

    Elène. Je ne connaissais aucune fille prénommée ainsi. Aussi, je descendis les marches une par une afin de me rendre au salon, lentement, la peur au ventre malgré moi...
    Toutefois, la crainte étant plus forte que la volonté, je remontai immédiatement me cacher dans la première chambre qui se présentait à moi et m'enfermai à double tour.
    Dos à la porte, je me laissai tomber à même le sol dans la position fœtale, tentant de me débarrasser de cette peur une bonne fois pour toute. Cette peur, qui m'habitait depuis quelques minutes seulement et qui me laissait mal à l'aise dans ma propre maison.
    Allister était là, assis en tailleur en plein milieu du lit à baldaquin, un gros et vieux livre entre les pattes. Il paraissait tranquille, comme si rien de ce qui venait de se passer ne l'avait affecté.
    Peut-être n'avait-il rien vu ni rien entendu tout simplement.
    Il me dévisagea de ses grands yeux, surpris. Je venais, de toute évidence, le déranger dans sa lecture.

    - Que lis-tu Allister ? Demandai-je alors pour rompre ce silence de monastère.

    Il referma le livre si violemment que le bruit me fit sursauter.

    - Rien. Répondit-il d'une voix qui ne laissait rien paraître.

    Il me fixait.
    J'avais l'impression que ses yeux me demandaient de quitter la pièce. Ce n'était peut-être qu'une impression, mais depuis un petit moment, je me sentais quelque peu embrouillée : un rien devenait source de nombreuses questions. Je me torturais l'esprit, persuadée cependant, que je n'inventais rien.
    Un silence de plomb se mit à planer à nouveau dans la chambre.
    Sans bouger, je me mis à l'observer.

    Elle était belle, spacieuse et entièrement habillée de bois clair. Les meubles en chêne massif étaient anciens et paraissaient très lourds. Ils avaient traversé un siècle au moins, ou peut-être plus, sans rien perdre de leur charme.
    Dans un coin, à gauche, une bibliothèque sur laquelle des vieux livres reliés dormaient en silence, invitait à la lecture, confortablement installé dans le très attirant sofa bleu.
    Tous ses livres semblaient être parés de cuir et de dorures. La fenêtre, quant à elle, ne passait pas inaperçue. Elle avait les dimensions du pan de mur dans sa totalité et ouvrait une vue panoramique sur le jardin et la rivière. Nous avions l'impression, tout en étant dedans, d'être dehors à la fois. Je ne comprenais pas pourquoi ni comment, avec cette vue, Allister n'avait pas suivi l'événement de l'homme en noir.
    D'ici, et même du lit où il était assis, il ne pouvait rien manquer. Sans doute était-il absorbé par sa lecture...
    Je me relevai alors, imprégnée de quiétude.
    Il fallait que je m'active à présent, pour ne plus penser à rien.

    - Je vais préparer le goûter, hein Allister ? Quelques crêpes au miel, qu'en penses-tu ? C'est une bonne idée ? Ensuite nous installerons le salon de jardin et irons les manger au bord de la rivière. Tu es d'accord ?

    C'était là le seul moyen, très égoïste, de ne pas me retrouver seule dans cette grande demeure, en prenant Allister par les sentiments...
    Sa réponse me heurta.

    - Je pense que le salon de jardin peut attendre, et puis je n'ai pas faim.

    Il semblait plus qu'étrange.

    Ce petit gourmand refusait un copieux goûter, qui plus est, des crêpes... ce n'était pas normal du tout. Quelques minutes plus tôt, il était fermement décidé à installer le salon de jardin, gai comme un pinson, et voilà qu'il venait littéralement de se replier sur lui-même.
    Que lui arrivait-il ? Que se passait-il dans cette maison ?
    Je vais faire les crêpes ensuite, lui et moi aurons une discussion. D'un geste mécanique, je fis tourner la clé dans la serrure afin d'ouvrir la porte. Allister semblait plongé dans ses pensées, les yeux égarés dans la baie vitrée. Je repris :

    - Je suis dans la cuisine si tu as besoin de moi... Au fait, est-ce que, par hasard, tu aurais entendu parler de la Duchesse de Fraise ?
    - Non. Répondit-il sans réfléchir, sans même daigner me regarder.

    D'un haussement d'épaules qui signifiait "tant pis", je quittai la pièce. Allister mentait sans aucun doute possible. Je connaissais mon nounours mieux que personne et je savais, je sentais qu'il se tramait quelque chose de pas naturel autour de ce déménagement. Il le savait aussi. Mais pourquoi tant de mystère ? Je refermai la porte et descendis.
    Dans la chambre, Allister releva la tête et fixa celle-ci d'un regard brillant de larmes. Il murmura :

    - Vanille sait tout. J'en suis sûr...

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  • Pour Netmaan qui n'a rien à lire en venant ici. Je vous fais découvrir, chapitre par chapitre, mon roman L'OMBRE AU TABLEAU, que j'ai écrit et publié pour les enfants en 2005...

    Bonne lecture et n'hésitez pas à me faire part de vos impressions, elles me permettront de m'améliorer dans mes écrits. Car s'il y a bien un rêve que j'aimerais réaliser, c'est bien de sortir un best seller pour enfants... (Ne rêve pas ta vie, vis ton rêve!!)

    J'y travaille, un peu tout le temps et n'importe quand avec la ferme intention et une grande volonté de battre les (mes) premiers 40.000 exemplaires vendus en "premier jet".

    A bientôt.
    Karine


    Chapitre premier


    Mon nounours Allister et moi avions tout de suite adoré notre nouvelle maison.
    Elle était immense par rapport à celle que nous habitions avant, beaucoup plus belle aussi.
    On aurait dit un petit château.
    Un petit château tout blanc construit avec de vieilles grosses pierres recouvertes de chaux. Des arcades abritaient une terrasse carrelée qui donnait un air chaleureux à l'entrée principale, où la porte, sculptée dans du bois brut, invitait à entrer. Les deux tourelles, de part et d'autre de la bâtisse, devaient très certainement livrer une vue splendide sur le centre-ville et son clocher, une fois monté là haut. Plusieurs lierres grimpants, quant à eux, avaient fait leur place tout autour des larges et hautes baies vitrées claires. Le toit était habillé d'ardoise, un peu plus foncé que tout le reste, mais l'ensemble s'accordait à merveille.
    Le contraste du vert sur le blanc ainsi que les rayons du soleil sur les murs, donnaient à la demeure des allures hispaniques.
    Nous étions, Allister et moi, ébahis face à cette maison, éblouis par l'aura qui s'en dégageait. Nous nous demandions même si nous n'étions pas en train de rêver : ce havre de paix était à nous, cette maison nous appartenait !
    Lorsque nous en fîmes le tour, notre cœur se mit à battre plus fort encore. Nos yeux n'en revenaient pas. Notre jardin, traversé par une somptueuse rivière, était d'une beauté à couper le souffle. La pelouse, d'un vert pomme délicieux, donnait envie de s'y allonger et de rester ainsi jusqu'au bout de la nuit pour observer les étoiles, ou simplement écouter les bruits qu'elle pouvait nous offrir. Le calme et la limpidité de la rivière appelaient à la baignade et aux éclats de rire, sous les regards discrets des immenses arbres plantés sur son bord.

    -
     Nous installerons le salon de jardin ici même, près du saule pleureur, tu veux bien ?  Dis, Vanille ?!
    Me demanda mon nounours en sautillant devant moi comme s'il avait des ressorts à la place des pattes.
    -
    Nous l'installerons où tu veux Allister, du moment que ça te fait plaisir. Je souhaite vraiment que tu t'adaptes parfaitement à notre nouvelle vie.
    -
    Faisons le maintenant s'il te plaît Vanille !
    Me supplia-t-il en me regardant avec ses petits yeux noisette brillants comme des diamants. Mon refus allait très certainement le contrarier, c'était certain.
    -
    Pas maintenant mon nounours chéri, nous devons d'abord vérifier le travail des gentils déménageurs. Et puis il faut nous changer et terminer de ranger le contenu des cartons. Nous aurons très largement le temps de le faire demain et d'en jouir convenablement... Tu verras, tu apprécieras beaucoup plus quand tout sera terminé.
    -
     Tu as raison Vanille, occupons-nous de faire un intérieur coquet avant de penser au jardin.
    Allister se résigna et, croisant ses petites pattes derrière son dos, il se dirigea vers la maison.

    J'étais ravie de le voir si heureux. Je pensais que ce déménagement allait le perturber plus que cela, car en quittant notre ancienne maison, nous laissions tout de même derrière nous, tous nos amis, tous nos souvenirs et tout ce qui nous attachait à elle.
    Cependant, Allister ne se faisait aucun soucis, il savait très bien qu'en venant ici, il serait très facile pour nous tous de nous revoir, car nous n'étions qu'à une heure de route les uns des autres. Il était évident que nous ne nous verrions pas tous les jours comme ce fut le cas avant, mais au moins durant les grandes vacances et tout au plus, le week-end. Aussi, l'avais-je bien avisé que ses amis pourraient rester chez nous plusieurs nuits s'ils le souhaitaient puisque notre maison possédait six chambres, six salles de bain et un immense salon en forme de L dans lequel trônait en maître une imposante cheminée à feu de bois.
    Savoir que dans une nouvelle ville aussi grande que celle-ci, Oursonville, Allister se ferait de nouveaux copains en intégrant sa nouvelle école me rassurait également. Son petit côté rebelle démuni de complexes et de timidité pouvait très certainement l'aider à aller au devant des autres oursons de son age.

    Bah ! Je m'inquiétais beaucoup trop pour lui. Les petits avaient manifestement le don de s'adapter à toutes les situations quelles qu'elles soient. J'avais plus intérêt à m'inquiéter de mon propre sort car, moi, j'étais timide ! Et moi, je n'allais pas facilement vers les autres !
    Enfin... rentrons et voyons comment évoluent les choses...

    J'avançais pieds nus sur l'épais tapis d'herbe, mes sandales à la main. J'adorais la sensation unique que procurait la pelouse entre mes orteils. Ma petite robe à fleurs roses flottait dans l'air à chacun de mes mouvements. Le soleil caressait ma peau de ses rayons. Je me sentais vraiment bien, contemplant avec délectation la magnificence de notre jardin.
    Tiens, Allister avait disparu.
    Le connaissant, il serait sans doute monté visiter et aménager sa nouvelle chambre, il avait tellement de projets pour elle avant de venir ici : comme le classement par ordre alphabétique de ses livres par exemple, ou la pose des posters de ses stars préférées... Je lui avais même laissé le luxe de choisir sa chambre parmi les six afin de le contenter plus encore.
    Je pressai donc la cadence pour le rejoindre et l'aider à s'installer.

    Soudain...
    Sortant de nulle part...
    Un homme...

    Je laissai échapper un cri de surprise et d'effroi, la main posée sur le cœur afin d'en calmer ses battements désordonnés. J'étais tétanisée face à lui, impuissante, incapable du moindre mouvement.
    Lui, était monstrueusement moche. Plus petit que moi d'une tête, sans doute parce qu'il se tenait courbé comme s'il portait sur ses épaules un très, très lourd fardeau. Son visage était caché derrière une épaisse et longue barbe noire hirsute. Son nez quant à lui, énorme et crochu, rappelait celui des vieilles sorcières volant sur leur balai. Et ses yeux, ses yeux d'un noir profond, dans lesquels je ne décelais que méchanceté et mépris, me glacèrent les sangs lorsqu'ils se posèrent sur moi. Il portait un long manteau noir malgré la chaleur étouffante de ce mois de juillet.

    Il me terrifiait. Mon corps, dans son entier, tremblait comme les feuilles mortes en automne.
    Cet homme était manifestement l'ombre au tableau si coloré que nous avions peint, Allister et moi. Il ouvrit soudain la bouche laissant apparaître des dents noires et cariées comme s'il ne se les était pas brossé depuis au moins un siècle. Il dit alors d'une voix effrayante :

    - Personne n'est parvenu à rester plus de trois jours ici... Personne ! Vous m'avez compris ? Cette maison m'appartient... Je suis le gardien de ces murs habités par l'esprit de la Duchesse de Fraise... Elle est hantée... Je ne vous laisse pas trois jours à vous et à votre espèce d'ours en peluche pour déguerpir, sinon... il faudra me vaincre... HA ! HA ! HA ! HA ! HA ! HA !

    Comme par magie, comme par enchantement, comme par miracle, l'homme s'évapora dans la nature en une épaisse fumée noire...

    J'entendais encore son rire lugubre et glacé résonner dans ma tête. J'en restai pantoise, alors réduite à me demander si je n'avais pas rêvé, si cet homme n'avait pas été finalement, le fruit de mon imagination.
    Mais, que viendrait faire cet hurluberlu dans mon imagination au beau milieu de cet après-midi d'été ? Tout avait pourtant si bien commencé, il n'y avait aucune raison pour que ce soit moi qui m'imagine ce genre de monstruosité ! Bien au contraire, j'étais envahie par la beauté que me livrait notre jardin...

    Qui était-il alors ? D'où sortait-il aussi ?

    Des tas de questions sans réponses se bousculèrent dès lors, dans ma tête.
    Que venait donc faire cet ignoble personnage dans l'enceinte de ma maison à me menacer pour nous faire partir mon nounours et moi ?

    Par cette unique pensée, mon sang se glaça à nouveau...

    - Allister !!! Disparu... Et s'il lui était arrivé une chose semblable ?


    La suite... Mercredi prochain? Qu'en pensez-vous?


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  • Quel bonheur que de se faire réveiller le matin avec un "Je t'aime maman!" et "Je t'aime encore plus, maman!"...

    C'est tout juste si Diane et Roxane n'allaient pas se battre pour être celle qui aimerait sa maman le plus fort...

    Elles m'ont souhaité une bonne fête des mamans et m'ont repproché de ne pas avoir décoré la maison... oops!

    Ici, avec Britany...

    Britany, c'est l'histoire vraie d'un petit nounours qui trônait en maître derrière la vitrine d'une boutique de souvenirs de l'aéroport de Brest, devant laquelle je m'étais attardée un instant (Nous venions de passer la nuit dans cette ville et l'équipage et moi regagnions notre avion pour rentrer à Paris.)

    Mon regard s'était éternisé sur ce petit ours, tout mignon, vêtu d'une robe rose et d'un petit noeud assorti accroché à l'oreille. Il semblait me dire "Emmène moi avec toi, je ne veux plus rester ici!"... Cet ours me troublait, vraiment...

    J'ai tourné les talons et suis montée dans l'avion...

    Durant toute la préparation du vol, l'image de cet ours me hantait. Je ne pensais qu'à lui. Tant est si bien que je suis allée voir le commandant de bord pour lui demander la permission de ressortir dans l'aérogare... Sa permission me fut accordée et j'ai couru acheter mon ourson sans même connaître son prix (150 francs, ce qui, à l'époque, était quand même une somme importante pour une peluche! Mais j'étais célibataire sans enfants alors "Au diable!")

    J'ai regagné mon avion en même temps que nos passagers, mon ourson dans une jolie boîte toute ronde (style boîte à chapeaux) Je l'ai montré à mes collègues et décrétais dans le même temps qu'il s'appelerait "Britany", en référence à Brest et à la Bretagne...

    Longtemps Britany est restée assise sur un petit tabouret de bois, dans ma chambre, près de la fenêtre...

    Aujourd'hui, c'est l'ourson préféré de mes enfants... Britany est emmenée partout et est couverte de bisous... Dans leur chambre, elle a la meilleure place! On a l'impression que son regard s'est illuminé et qui sait...

    Britany n'a peut-être pas été achetée pour faire MON bonheur mais bel et bien le SIEN...  plus de dix ans après mon coup de coeur!

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